Les Opportunités insurmontables – Mano de obra

Les Opportunités insurmontables est une démarche multidisciplinaire en arts visuels s’intéressant à réhabiliter les liens fondamentaux entre humain.es et nature.

Pour ce faire, j’adopte une pratique relationnelle prenant la forme d’un entretien où j’invite une personne à discuter avec moi de ce qui la lie à son environnement naturel. Cette rencontre est documentée et j’utilise ce matériel audiovisuel pour créer un portrait de la manière singulière avec laquelle l’invité.e entre en relation avec la nature.

Démarche de réconciliation, recherche d’idées et d’affects, interprétation libre de conversations signifiantes; ces paysages humains existent ensuite comme autant de manières d’être et d’exister avec la nature.

Les Opportunités insurmontables est multidisciplinaire, le projet réunit l’estampe, l’art vidéo, la performance et l’écriture de chansons. Il prend vie dans un contexte de voyage d’aventure à vélo et par la réalisation de résidences de création internationales.

Crédits photo : Marie Guimond-Simard

La phase 4 du projet porte le nom de Mano de obra. Initiée en Catalogne à l’été 2022, la recherche se divise en 4 périodes consécutives et se prolonge jusqu’à l’été 2023. 

Période 1 – Résidence de création dans les studios d’Art Print, Arenys de Munt, Barcelone. 

Grâce au soutien du CALQ, la phase 4 voit le jour lors d’une résidence de recherche et création dans les studios d’Art Print en Catalogne. Alors dotée d’un magnifique atelier, j’oriente mes premières recherches dans la superposition de photogravure et xylographie; travaillant toujours avec la même méthodologie relationnelle, ou presque. 

Si j’ai toujours travaillé avec une entrevue où nous échangeons expériences vécues et concepts, j’essaie maintenant de proposer une expérience à même notre rencontre. Je prends donc un moment avec la ou le participant.e pour échanger, puis nous partons ensuite dans la nature pour pratiquer le Land Art. 

C’est à partir de ces rencontres et expériences signifiantes que je reviens en atelier pour travailler avec la photogravure et la xylographie. 

J’emprunte à ma pratique vidéo mes techniques de superpositions d’images projetées et de timelapse pour créer des images adaptées à la photogravure. Ainsi, je travaille à partir de la documentation du Land Art pratiquée avec le ou la participant.e. Je résume en une phrase l’essence de notre échange que je grave dans le bois pour surimprimer sur la photogravure. 

Ces premières recherches m’ont permis de mettre au point une méthodologie de superposition de techniques et de contextes.

C’est aussi avec ces premières estampes que j’ai initié ma recherche sur l’affichage sauvage. 

J’ai commencé à partager les estampes sur les murs des rues du quartier Gothique de Barcelone, qui est une ville magnifique pour le graffiti, le stencil et l’affichage sauvage. 

Toujours dans les studios d’Art Print, j’ai commencé à dessiner mes rencontres de Land Art. L’omniprésence des mains, le rapport des corps avec des éléments de la nature et les compositions éclatées de ces images issues de souvenirs et de documentation m’ont tout de suite convaincus de travailler mes dessins à l’intaglio. J’ai donc poursuivi mes investigations avec l’eau-forte, le vernis mou et l’aquatinte. Cela m’a permis de conclure ma résidence avec un corpus d’estampes témoignant de quatre rencontres signifiantes.

Les estampes réalisées à l’intaglio ont été imprimées à tirage limité dans l’optique de réaliser un livre d’artiste. 

Mon ami Michael G. Loiselle a rédigé un article – Mano de obra, la chute de l’asymétrie moderne – très éloquent sur la première période de la recherche. Durant l’écriture de son mémoire sur l’apocalisme écologique comme critique de la modernité; une étude de deux romans dystopiques de Homero Aridjis, nous nous sommes rencontrés et avons partagé nos différents points de vue sur nos liens à la nature. Au terme d’une semaine d’échange, véritable séminaire improvisé, l’apport de Michael a vraiment contribuer à enrichir la recherche des Opportunités insurmontables – Mano de obra.

Il est possible de voir une partie du travail accompli au studio d’Art Print Residence en visitant les pages des photogravures et des des patchs.

Période 2 – Voyage d’aventure de vélo bivouac en Europe de l’ouest

Le voyage de vélo bivouac est une forme de cyclotourisme où le voyageur préfère le camping et le bivouac aux auberges. J’ai quand même fait un très bon usage de la plate-forme Warmshowers grâce à laquelle j’ai eu le bonheur d’être hébergée par des gens merveilleux qui ont permis d’égayer ce voyage solitaire. 

Pour ma pratique artistique, le voyage d’aventure à vélo constitue une phase fondamentale. Il s’agit d’un moment d’immersion avec un environnement en constant changement où l’attention au monde devient plus aiguisée. La diminution drastique de confort et de sécurité ainsi qu’une sollicitation soutenue du corps font du voyage à vélo un lieu de profonde connexion à soi. Autant l’on se découvre des forces et des aptitudes, autant l’on fréquente constamment ses limites physiques et mentales. Pour moi, le voyage à vélo est une forme avec laquelle je fais l’expérience du vivant en moi et autour de moi. 

Aussi, il s’agit d’un contexte extrêmement stimulant pour la rencontre et la pratique de Land Art. J’ai eu la chance, pendant mes trois mois de voyages et sur les quelque 3000 km parcourus, de réaliser une quinzaine d’entrevues avec des gens d’Europe et d’ailleurs. J’ai documenté ces échanges ainsi que les routes et paysages du voyage. 

C’est avec cette solide documentation que j’ai commencé à préparer ma seconde résidence en Estampe. 

Pour obtenir un aperçu de mes routes, il est possible de visualiser mes itinéraires sur Komoot. 

Période 3 – Résidence de création à la Maldita Estampe, Barcelona

Après quelques mois de dessins, je reviens à l’atelier pour amorcer la création des quatre estampes qui concluent le livre d’artiste. Pour poursuivre mes recherches avec les différentes techniques de gravure, j’ai décidé de réaliser mes dernières images en sérigraphie. 

Mes considérations environnementales m’ont aussi incitées à faire ce choix considérant l’utilisation de nombreux procédés toxiques impliqués dans l’intaglio. Mais même en sérigraphie, plusieurs étapes impliquent l’utilisation de plastique et de produits chimiques. J’ai encore beaucoup de chemin à faire dans le monde des arts imprimés pour déployer une pratique écoresponsable. Néanmoins, mes recherches en sérigraphie ont donné des résultats satisfaisants sur le plan artistique.

Ainsi, j’ai pu réaliser les estampes du livre d’artiste qui sera complété à l’automne 2023. 

Il est possible de voir le travail accompli à la Maldita Estampa en visitant la page des cartes sérigraphiées, des sérigraphies et des patchs.

Période 4 – Résidence de création chez Recto-Verso

La quatrième et dernière période de recherche et création de la phase Mano de obra se poursuit dans les studios de Recto Verso afin de monter l’exposition du livre et de la recherche ainsi que la performance.

La résidence porte sur la mise en espace du livre d’artiste et des archives audiovisuelles. Dans une perspective de soutenir la matérialité et le contenu philosophique du livre, les archives audiovisuelles sont présentées à la manière d’une installation vidéo immersive. Merci à Marie Guimond-Simard pour la documention visuelle.

Ces archives, ce sont la documentation du Land Art, celle de l’itinéraire du voyage de vélo bivouac, celle de l’affichage sauvage ainsi que les enregistrements des entrevues. Empruntant encore une fois à ma pratique vidéo mes techniques de superpositions d’images projetées et de timelapse, je revisiterai cette riche documentation pour la mettre au service de l’expérience de reception du livre.

Aussi, pour continuer la recherche amorcée durant la phase 2 sur la performance relationnelle, la résidence chez Recto-Verso permet la mise en place d’une performance collaborative. Cette dernière est inspirée par la manipulation d’objets naturels et le mouvement du corps dans l’espace tel que pratiqué dans le Land art.

Crédits pour les images : Marie Guimond-Simard
Montage vidéo : Annabelle Guimond-Simard
Musique : Annabelle Guimond-Simard et Roger Cournoyer

Pour rester connecter au projet en temps réel, il est possible de le suivre sur instagram